LETTRE OUVERTE DE LA CGT DES PERSONNELS DE LA RÉGION PACA AU PRÉSIDENT RENAUD MUSELIER

NON AU JOB DATING DANS NOS LYCÉES !
NOS ENFANTS MÉRITENT UN SERVICE PUBLIC DE QUALITÉ AVEC DES
PERSONNELS FORMÉS ET NON PRÉCAIRES

 

Marseille le 5 juillet 2022

Monsieur le Président,

C’est avec stupeur que la CGT apprend par voie de presse la nature de votre appel à candidature pour le recrutement de 200 agents régionaux des lycées pour la rentrée prochaine.

A l’instar du job dating en vogue dans l’Education Nationale, vous lancez un plan de recrutement de contractuels à la va vite, ayant mesuré vous-même le désastre de vos politiques libérales en cours depuis plus de 20 ans dans la fonction publique.

Cela fait de nombreuses années que la CGT alerte sur le manque de postes, sur l’état de la pyramide des âges et le vieillissement structurel des personnels, sur le manque d’ambition dans la
création de postes et sur la nécessaire planification des effectifs afin de rendre correctement le service public.

Aujourd’hui vous feignez de découvrir que la rentrée ne pourra se faire à effectif constant. Vous découvrez également avec stupeur le manque d’attractivité de nos métiers. Vous vous en remettez à un appel grand angle à un recrutement contractuel de travailleurs non formés et ne connaissant ni la réalité des métiers, ni la spécificité du travail avec du public jeune dans le cadre de missions à caractère pédagogique. Vous feignez de découvrir que nous sommes des fonctionnaires, des personnels sous statut et que ce n’est pas un hasard. Notre statut est la garantie d’une égalité entre nos concitoyens, d’une possibilité de mener nos missions sans pression hiérarchique ou politique car protégés par des lois et règlements et d’un lien indéfectible avec les concitoyens que l’on sert.

Dire que vous le feignez nous empêche de vous faire le procès d’intention qu’après avoir méthodiquement cassé la fonction publique vous avez recours à une privatisation déguisée en remplaçant au fur et à mesure des agents sous statut par des travailleurs interchangeables et brisés par la précarité.

Quant à la description idyllique que vous faites de ces postes… gentiment on vous dirait que c’est pour le moins exagéré, mais en réalité c’est mensonger et en tout état de cause totalement
déconnecté avec la réalité de notre travail.

En effet, cette description des postes aurait la faveur de chacun d’entre nous si elle reflétait un tant soit peu la réalité, ce qui n’est pas le cas évidemment. Certains d’entre nous se posent même la question de démissionner pour candidater sur des postes correspondant à cette description (c’est une procédure en vogue ces derniers temps…)

Certes Monsieur le Président, les agents régionaux des lycées sont indispensables, de par leur professionnalisme ils peuvent être amenés à être polyvalents et ainsi permettre aux lycéens et
différents usagers évoluant dans nos lycées de le faire dans un environnement de qualité, mais jamais nous ne serons adaptables !! Si c’est la vision que vous vous faites des ARL c’est mal connaitre nos missions, les ARL ont besoin d’avoir des missions claires et bien définies, répondant aux besoins d’un service public de haut niveau et non pas s’adapter à une quelconque logique néolibérale. Les métiers des ARL sont spécifiques, un cuisinier n’est pas un électricien, un agent d’entretien n’est pas un magasinier. Les ouvriers ne sont pas des pions interchangeables, ce sont des travailleurs qualifiés. Ils ne sont pas une masse informe disponible au claquement de doigt, invisible si possible et précaire car plus obéissant.

Non Monsieur le Président, notre institution n’est plus attractive, en tous cas les emplois qui la composent ne le sont plus en raison des blocages de carrière dus aux quotas d’avancement qui la limitent, ceci s’opposant à la description que vous en faites dans votre communiqué au sujet d’« une progression rapide ». Notre institution n’est plus attractive non plus, en raison de la mise en
concurrence des agents rendus malades avec ceux qui ne le sont pas encore, pas plus qu’elle ne l’est sur l’adaptation des horaires permettant une vie de famille, ni sur l’accompagnement professionnel et la formation qui ne concerne plus que des formations d’encadrants ayant pour unique objet de mettre en place votre politique managériale d’un autre temps !

L’attractivité de la fonction publique a reposé longtemps sur le sens du service public qui animait celles et ceux qui venaient postuler, une rémunération nous permettant de vivre et un statut
garantissant un emploi et donc une projection de vie. Aujourd’hui, plus aucun de ces critères n’existent. Le sens du service public est nié ; la rémunération s’est effondrée suite à la désindexation du point d’indice et aggravée ensuite par le gel du point d’indice ne permettant plus à une immense partie des fonctionnaires de vivre correctement ; les emplois ouverts ne sont plus que des contrats précaires voir hyper précaires quand dans notre collectivité des contrats coupés lors des vacances scolaires se multiplient.

Monsieur le Président, redonnez ses lettres de noblesses à la fonction publique dans votre collectivité, vous en avez les moyens et nous sommes certains que vous n’aurez plus besoin de passer
par les journaux pour attirer les candidatures et que vous pourrez ainsi rendre le service public dont les administrés de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont besoin. La CGT, quant à elle, sera comme toujours dans son rôle, aux côtés des agents pour faire entendre nos droits.

 

Pour la CGT des Personnels de la région PACA,
Paco PINEDA MATEOS, secrétaire général

 

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